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d'Alfred de Musset
Rappelle-toi
Rappelle-toi, quand l'aurore craintive,
Ouvre au soleil son palais enchanté;
Rappelle-toi, lorsque la nuit pensive
Passe en revant sous son voile argenté
A l'appel du plaisir du plaisir lorsque ton sein palpite,
Au doux songe du soir lorsque l'ombre t'invite,
Ecoute au fond des bois
Murmurer une voix:
Rappelle-toi.
Rappelle-toi lorsque les destinées
M'auront de toi pour jamais séparé
Quand le chagrin, l'exil et les années
Auront flétri ce coeur désespéré;
Songe à mon triste amour, songe à l'adieu supreme
L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime,
Tant que mon coeur battra,
Toujours il te dira:
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand sous la froide terre
Mon coeur brisé pour toujours dormira;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire
Sur mon tombeau doucement s'ouvrira,
Je ne te verrai plus; mais mon ame immortelle
Reviendra près de toi comme une soeur fidèle
Ecoute, dans la nuit
Une voix qui gémit:
Rappelle-toi. |