Savoir
Le savoir est défini
habituellement comme un ensemble de connaissances ou d'aptitudes
reproductibles, acquises par l'étude ou l'expérience.
En français, le terme de savoir
a un sens qui ne coïncide pas exactement avec celui de connaissances
alors que par exemple l'anglais utilise knowledge dans tous les cas. Ce
décalage trouve d'ailleurs une origine très ancienne puisque le mot
provient du latin sapere, verbe qui employé intransitivement indiquait
une entité qui possédait une saveur. Il n'y avait donc alors pas de référence
au moindre processus cognitif. Ce n'est qu'au Moyen Âge qu'émergea le
sens actuel après avoir transité par une forme figurée désignant une
personne en quelque sorte « informée ». À partir de cette
époque, le fait de savoir fut considéré comme une attestation ou
garantie de sagesse, association qu'on retrouve de nos jours sous la
forme de la confusion traditionnelle entre le savoir et l'intelligence ;
des oppositions telles que « tête bien pleine » et « tête
bien faite » rappelant que les choses ne sont pas si simples.
Le savoir se distingue par divers traits d'un ensemble de connaissances en particulier par la dimension qualitative : l'acquisition d'un savoir véritable suppose un processus continu d'assimilation et d'organisation de connaissances par le sujet concerné, qui s'oppose à une simple accumulation et rétention hors de toute volonté d'application. Au niveau individuel le savoir intègre donc une valeur ajoutée en rapport avec l'expérience vécue et de multiples informations contextuelles. Chaque personne organise et élabore son savoir en fonction de ses intérêts et besoins ; la composante conciente et volontaire de cette élaboration s'appelle la métacognition. La plupart des « savoirs » individuels sont naturellement utiles à l'action, à sa performance, sa réussite : « Savoir, c'est pouvoir ! ». C'est aussi sur des mises en situation que reposent les meilleures évaluations du savoir alors que des tests basés sur la seule restitution d'informations ne garantissent pas sa qualité et par conséquent sa valeur. De même, le savoir se rend plus visible et pratique sous le nom de « savoir-faire », « savoir-vivre », etc. Les savoirs les plus intellectuels reposent sur l'appropriation ou création de concepts, en parallèle avec le développement des « savoirs scientifiques » ou de la philosophie.
Si le savoir est à l'origine
une composante personnelle et individuelle, le concept s'étend
naturellement à toute entité capable d'une capitalisation analogue de
son expérience :
- les autres animaux et autres
organismes « savants » ;
- les communauté ou groupes
humains et donc l'humanité dans son ensemble ; on parle de
« savoirs traditionnels », « savoirs spécialisés »,
« savoir de l'Humanité », etc ;
- certains systèmes
informatiques, sans que cela pose l'équivalence du savoir humain et
du savoir de la machine nommée telle qu'il est mis en œuvre dans
un système expert ;
Chaque communauté repose sur un savoir commun ; c'est une composante de son identité. Le poids et la reconnaissance de ce savoir et donc du savoir présentent des formes variables, mais le sort de la communauté est généralement lié à la conservation de ce patrimoine immatériel. Au sein des sociétés et cultures, l'éducation a pour mission d'aider à l'appropriation du savoir collectif élémentaire, on parle ainsi d'acquisition d'un socle commun, l'enseignement complétant l'acquisition de connaissances et savoir-faire disciplinaires, pendant que la formation professionnelle est chargée de la transmission des savoirs professionnels.
Le savoir se présente donc généralement
comme une valeur collective ; une ressource de nature immatérielle.
De ce point de vue, laissant provisoirement de côté l'insaisissable
dimension psychologique, cette valeur prend l'allure d'un bien et même
d'un « bien économique ». On chosifie donc cette réalité
en la matérialisant dans le langage. On parle donc de :
- acquisition du savoir, accès
au savoir, appropriation des savoirs ;
- transmission du savoir, échanges
de savoirs, partage du savoir, circulation du savoir ;
- gestion du savoir (GS), maîtrise
des savoirs, valorisation des savoirs.
Selon les époques et les
cultures, la conservation du savoir et la transmission des connaissances
s'appuient sur la communication orale et l'expression écrite. Des
« entrepôts du savoir » sont créés et entretenus comme mémoire
collective : bibliothèque, centres de documentation, etc.
Dans une certaine mesure, le
savoir se transmet de manière informelle par la communication entre
pairs ou interaction entre membres de statuts comparables. L'efficacité
de la transmission étant pour une part fonction de la plasticité
mentale de l'apprenant, elle-même fonction de son âge en particulier,
la pédagogie étudie les conditions de ces transmissions entre novices
et apprenants et leurs maîtres ou professeurs plus expérimentés ou
plus savants.
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